

Conclusions de la campagne

Et bien voilà, la Campagne a pris fin, et s'est achevée sur une Victoire du Comté de Waldsberg sur les Sigmarites.
Les rares rescapés Impériaux ont donc quitté le Comté au Coeur de la Sylvanie.
Plutôt que de vous proposer un récit concluant cette Campagne, narrant les vainqueurs fêtant leur victoire et / ou les vaincus en déroute, j'ai préféré vous proposer des récits centrés sur des évènements postérieurs mettant en scène les Personnages qu'ont le plus apprécié les lecteurs du Warhammer Forum.
Enfin, je termine sur un épilogue consacré à chaque Personnages ayant participé à cette Campagne, ainsi que la plupart des régiments.


Le vampire ouvrît soudain les yeux et comme mû par un réflexe chercha instantanément à se relever ; sans y parvenir.
C'est la douleur terrible à son cou qui l'arrêta net dans son élan. Portant une main à sa blessure, la Colline Eternelle réalisa qu'il se trouvait sur une grande couche à Château Waldsberg, ce qui fit baisser la tension de ses muscles.
Parcourant du regard la vaste pièce, il se rendit compte qu'il n'était pas seul. A son chevet, assis sur un fauteuil se trouvait le Comte Von Krolock, fermant l'ouvrage qu'il était en train de lire pour regarder la Colline avec attention.
Ce dernier, se renfrognant progressivement en fronçant ses sourcils eu bien du mal à articuler ces quelques mots...
- J'ai failli.
Posant lentement l'ouvrage qu'il tenait encore en main, le Comte considéra le gisant avec gravité.
- Absolument pas. C'est tout l'inverse.
Totalement déconcerté par cette réponse, le géant confus repris la parole après quelques instants.
- J'ai trahi votre confiance. Je ne suis pas parvenu à accomplir la mission que vous m'aviez confié.
Von Krolock répondit d'un ton rassérénant.
- Bien au contraire.
De plus, vous avez tout fait pour accomplir votre tâche.
Tiraillé entre ce qu'il ressentait et ce qu'il entendait, La Colline répliqua :
- Je n'ai pas repoussé l'ennemi, ils m'ont vaincu. Je n'ai pas défendu la butte et protégé les hommes ! Je suis indigne de vos espérances.
- Justement, répondit le Comte avec un regard emplit de fierté à l'égard de son interlocuteur.
Vous avez donné votre vie pour les protéger. Vous vous êtes sacrifié pour accomplir votre mission.
Je ne saurais espérer meilleur subordonné.
La Colline mesurait la portée de ces mots inattendus, de leur signification.
- Mais j'ai échoué !
Le Comte se leva, puis, posant une main sur l'épaule du chevalier annonça d'une voix triomphale :
- Ce fut une grande victoire. Et aucune perte n'est à déplorer.
Si ce genre de considération aurait laissé La Colline de marbre il n'y a pas encore si longtemps, il se surprit lui-même en réalisant combien importante elle lui paraissait désormais. Quelque chose en lui avait véritablement changé !
Marquant une longue pause pour mieux laisser le Chevalier intégrer cela, Von Krolock finit par rompre le silence :
- Vous avez de la visite, annonça-t'il en s'éloignant avec l'ombre d'un sourire.
La Colline guettait alors que rien ne se passait...
Le Comte récupérait son ouvrage lorsque quelques coups toquèrent à la haute porte en bois massif.
Quelques instants après Clarimonde rentrait, son visage affichant soudain une expression de joie d'une rareté insolite, et bien maladroitement dissimulée, du moins durant une seconde, ce qui pour un vampire est un temps considérable.
Le visage de La Colline se détendit. Mais lorsqu'il vit le bras de Clarimonde en bandoulière, serré contre son torse, il s'en inquiéta vivement, ce qui se lut sur son visage.
Devançant le Chevalier, la vampire de sa douce voix calme et monocorde prît la parole :
- Ce n'est rien, le Comte m'a prodigué les soins nécessaires pour que la régénération soit plus rapide. Mais sachez que pour vous, tous les trésors de savoir en matière de soin ont dû être déployés !
La phrase avait été dite avec franchise et sérieux, mais Von Krolock comme La Colline apprécièrent la touche d'humour qui en émanait.
- J'ai à faire dit le Comte en s'éloignant alors que Clarimonde vînt s'asseoir sur le fauteuil laissé vacant.
La Colline s'adressa à nouveau au Comte avant qu'il ne sorte, et pour la seconde fois de son existence dit un mot qu'il n'avait prononcé qu'envers son ancien supérieur Dragon de Sang.
- Maître ?...
- Quel horrible mot, coupa net le Comte. Vous pouvez m'appeler Von Krolock.
Vous avez prouvé que vous n'aviez plus de maître en vous dressant face à ce qui dominait sur votre esprit. Si votre combat intérieur n'est pas encore terminé, vous êtes désormais votre propre maître, libre de votre passé.
Le vampire réalisa que pour la toute première fois de sa très longue existence il était libre de faire ses propres choix, ce qui le laissa sans voix..
Ces quelques mots du Comte touchèrent profondément la Colline Eternelle. A tel point que ses yeux s'embuèrent, et qu'il ne pût retenir une larme.
Instantanément, Clarimonde se leva, et avec une grande tendresse, récupéra de ses lèvres la goutte de sang. Puis retourna s'asseoir.
- Comte, repris enfin la Colline, des envahisseurs ont pu s'échapper ?
- Oui.
- Cela signifie qu'ils vont revenir un jour ?
- Certainement.
- Alors nous avons échoué.
- Non : le peuple de Waldsberg est sauf. Nous ne combattions pas contre les envahisseurs, mais pour nos gens.
- Mais dans la mesure où l'ennemi reviendra plus nombreux et plus puissants, cela a été vain ? Que ferons nous d'ici là ?
Le Comte tourna la poignée et dans l'entrebâillement de la porte se retourna vers son interlocuteur.
- D'ici là, nous vivrons.
Les deux vampires furent abasourdis par ces mots, et même Clarimonde ne réussit à réprimer sa stupéfaction.
En effet, ce terme n'est jamais employé par ces créatures mortes, leur existence n'étant qu'une bien pâle parodie d'existence.
Cette réponse emplie de sagesse aurait été adaptée pour des êtres vivants, mais adressée à des vampires, elle était hors de sens ! Ou, au contraire, riche de sens... Car le choix des mots était toujours méticuleusement pesé par Von Krolock...
Laissant ses deux protégés réfléchir à cela, Le Comte referma la porte derrière lui.
Alors qu'il se dirigeait vers la bibliothèque, il fut rejoint par Gahmuret.
- Von Krolock, dit le Maître d'Armes de son ton direct.
- Mestre, salua le Comte.
Comment va votre bras ?
- Quel bras !? Répondit Gahmuret, feignant l'incompréhension avec un demi sourire aux lèvres..
- Attendez quelques nuits pour reprendre les armes, enchaîna Von Krolock. Vous vouliez me voir ?
- Nous avons reçu le chiroptère de Wallack mais...
- Il n'y avait aucun message, poursuivit le Comte, avec un certaine douceur dans le regard.
Le Maître d'Armes avait beau connaître Von Krolock depuis plus d'un millénaire, il demeurait encore étonné par sa perspicacité.
- Et bien, Mestre, je vous prie de faire rédiger un message pour rassurer Wallack : nous allons tous bien et l'envahisseur a été totalement défait.
Après s'être respectueusement incliné, Gahmuret s'éloigna de quelques pas avant de reprendre la parole :
- Dois-je ...
- Bien sûr que non ! Interrompit Von Krolock. Mais d'ici quelques siècle, lorsqu'il sera prêt, Wallack reviendra nous voir de sa propre initiative. Ce qui importe c'est qu'Il sait que notre porte lui sera toujours ouverte.



Le Mayor Otto Bhuss entra dans la grande salle des cérémonies de l'Ordre, à la Citadelle de l’Œil de la Forêt de Talabheim.
il y avait déjà été invité à plusieurs reprises, mais la majesté du lieu faisait toujours effet.
De proportions cyclopéenne et au plafond particulièrement élevé, la salle était éclairée par quelques vitraux hauts placés et six grands braseros qui, en plus de diffuser un bon éclairage lumière et une douce chaleur, laissaient échapper les effluves d'encens venus des Terres du sud.
Les murs étaient ornementés d'un grand nombre de bannières et étendards de l'Ordre. Si plusieurs étaient toujours utilisés sur les champs de bataille, la majorité se trouvaient être de glorieuses reliques du passé, trop fragiles ou précieuses pour être déplacées. Toutes présentaient les marques des batailles traversées, chacune racontant à sa manière une des pages de l'histoire des Chevaliers Panthères. Ici la Grande Bannière que portait l'Ordre victorieux lors de la Première Grande Guerre contre le Chaos. Là l'étendard personnel du Grand Maître Werner Von Kreigstadt qui avait terrassé le terrible grand chef orque Azhag, dit "le Massacreur"...
Et au centre de la grande salle, au dessus des têtes, surplombant solennellement en hauteur, la toute première bannière de la confrérie, ramenée de la Croisade contre l'Arabie voilà plus de huit cent ans !
De part et d'autre le long des murs latéraux se trouvaient les bustes de tous les Grands Maître s'étant succédé depuis le fondateur de l'Ordre, tous avec leur illustre nom gravé en lettres d'or. Chacune des sculptures possédait sur ses épaule l'emblématique et resplendissante peau de panthère.
Quelques soient les faits d'armes des plus grands hommes pénétrant dans cette salle de cérémonie, l'on ne pouvaient qu'être écrasé par un grand sentiment d'humilité.
Au fond de la salle attendait le Hochmeister Heinrich Von Torlichhelm, Grand Maître actuel. A sa droite était placé son second, le Großkomtur Hermann Von Salza, et à sa gauche Heinrich Von Tunna, membre honorable le plus âgé de l'ordre, qui, trop faible pour rester debout, était le seul Chevalier assis de la cérémonie.
De part et d'autre en avant du trio se deux groupes de cinq personnes, l'un composé du Haut Conseil de l'ordre, et l'autre des cinq plus illustres guerriers.
Parfaitement immobiles, tous ces chevaliers étaient revêtus de leurs plus beaux apparats, arme et armure, casque sous le bras gauche, main sur le pommeau de leur épée. Avec leurs peaux de panthères et leurs prestigieuses décorations, leur prestance était telle qu'ils semblaient auréolés d'une aura resplendissante.
Avec humilité, Otto Bhuss s'avança, suivi des quinze Chevaliers du Cercle Intérieur qui avait survécu à la Bataille de Waldsberg, marchant dans l'ordre et le silence le plus solennel, tous également casque sous le bras gauche et main droite sur le pommeau de leur épée.
S'arrêtant au centre de la pièce sous le l'illustre étendard datant de la fondation de l'Ordre, ils attendirent que le Grand Maître prenne la parole.
Heinrich Von Torlichhelm fit quelques pas en avant alors qu'en retrait, le vénérable ancien se mit debout.
- Chevaliers.
La voix profonde se répercutait dans la vaste salle.
Vous vous êtes montré une fois de plus dignes de votre peau de panthère, agressifs face à l'ennemi, insensibles à la peur, téméraires face au danger, et fidèles à votre serment.
Le ton employé était si solennel, et la fierté du Mayor et de ses hommes si forte que chacun s'en trouva ému.
Vous vous êtes battus, et certains de vos frères sont morts pour l'Empire.
L'ennemi a été victorieux, et vous avez goûté l'amertume de la défaite.
Néanmoins, vous n'avez pas reculé face à l'adversaire ni dans votre devoir.
Vous avez une fois de plus fait honneur à l'Ordre des Chevaliers Panthères.
Prenant un ton moins cérémoniel mais tout autant investi d'autorité, le Grand Maître poursuivit, en s'approchant davantage du Mayor Otto Bhuss.
Après examen des rapports et témoignages au sujet des évènements, et après délibérations, le conseil a unanimement établit que la défaite ne fut en aucun cas de votre fait.
Il ne nous appartient pas de critiquer les choix et décisions du Grand Théogoniste ayant eu l'aval de l'Empereur Karl Franz Premier.
Toutefois, sur le terrain, il est évident que, en vous refusant le commandement de l'armée, en prouvant son inaptitude à diriger des hommes, et par ses choix tactiques des plus désastreux, le nommé Guzmann, sous couvert de ses pleins pouvoirs, est à lui seul responsable non seulement de la défaite, mais aussi des pertes catastrophiques qui en ont résulté.
Le grand Maître fit une courte pause, puis poursuivit en regardant cette fois aussi bien le Mayor que ses hommes.
Si vous êtes ici en ce jour, c'est qu'au delà de votre grande vaillance sur le champ de bataille, vous avez joué un rôle majeur dans la sauvegarde des survivants de ce massacre. Grâce à votre concours et votre protection un grand nombre de rescapés, pour la plupart blessés, ont pu regagner leurs maisons.
Au delà de votre devoir envers l'Empereur, l'Empire, l'Ordre, et les Comtes Electeurs, vous vous êtes battus et avez saigné pour défendre le peuple.
A ces derniers mots, Otto Bhuss pensa aux terribles adversaires qu'il avait affronté en ce jour qu'il n'oublierait jamais. Ces créatures inhumaines, qui elles aussi s'étaient battu et avaient saigné pour défendre leur peuple...
Le Mayor revînt au moment présent alors que le Grand Maître enchaîna :
- Pour ce fait d'arme, nous vous récompensons en ce jour, de la médaille d'acier.
Puisse la victoire nous honorer de ses lauriers, et dans la défaite être aussi héroïques que vous l'avez été en ce jour funeste.
Le Hochmeister Heinrich Von Torlichhelm accrocha le médaille d'acier au Mayor, puis, passant à ses vétérans en retrait et s'arrêtant solennellement devant chacun, accrocha pareillement la précieuse décoration honorifique.
Revenant à Otto Bhuss, Von Torlichhelm mis cérémonieusement la main sur le plastron du Mayor, au niveau du coeur, et prononça la formule
- Puisse le félin toujours vous animer.
Selon le protocole clôturant toute cérémonie, le Grand Maître recula et clama "Pour l'Ordre !"
Et tous les chevaliers présents reprirent d'une seule voix "Pour l'Ordre !"
La cérémonie terminée, les Chevaliers se détendirent. Après une ferme poigne de main et un dernier regard échangé avec Otto Bhuss, le Grand Maître alla parler avec le conseil, rejoint par son second, tandis qu'au fond le vénérable se rassit, épuisé par l'effort.
Le Mayor se tourna enfin ses hommes, et fut alors totalement submergé par l'émotion ! Tous ses chevaliers avaient dégainé leur épée et la pointaient haut dans sa direction, comme l'avaient fait le Comte vampire et sa garde personnelle d'élite deux mois auparavant ! Le souffle coupé, Otto Bhuss eut bien du mal à réprimer les larmes à ses yeux, particulièrement en réalisant que, aussi solennelle qu'ait été la cérémonie, les gestes de ses ennemis combattus dans le sang et la boue avaient été infiniment plus éloquents et honorifiques à son égard !
Otto Bhuss prit lui aussi son épée, et la sortant du fourreau, rendit le même geste à ses hommes.
Et là, tête haute, dans le silence le plus digne et l'émotion la plus intense, tous restèrent ainsi une long moment.
Sans comprendre de quoi il en retournait, les membres éminents de l'Ordre avaient cessé de parler entre eux et regardaient coi la scène insolite.
Depuis ce jour, et bien que personne hormis les Chevaliers ayant participé à la Bataille de Waldsberg n'en connaisse la véritable origine, ce geste est passé dans la tradition des Chevaliers Panthères du Cercle Intérieur.


Epilogue



























